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#8 - À la rencontre d'André

Texte : Séverine Yaffi


- "À quoi il sert ton tall bike ?"

- "À apporter un peu de joie. C’est moi qui la donne. Ça m’amuse!"


Chapeau zèbre, gilet rayé qui a connu des temps meilleurs, André se tient, ou s’accroche c’est selon, à un vélo aux allures de giraffe. Impossible de ne pas être intriguée par ce dandy débraillé et son étrange destrier. 



André est russe, et histoire de ne pas déroger aux stéréotypes, André est rond comme son galurin. Exalté, les mots se déversent à un rythme d’enfer que je peine à suivre. Les r roulent sous sa langue. Il semble si heureux d’avoir des gens qui s’intéressent à lui.


Alors que la terre ne semble plus très palpable sous ses pieds avinés, il dégrise instamment en enfourchant son engin pour nous offrir quelques tours de piste. La Riponne est un chapiteau et André son Monsieur Loyal.


Puis le rideau tombe. La magie dans ses yeux vacille un instant. Le flot de paroles ralenti. André avoue ne pas vouloir rentrer chez lui, que rien ne l’y attend. Je perçois une détresse chez notre saltimbanque qui, comme beaucoup, souffre de solitude et très vraisemblablement d’exclusion.


Ce qui me touche c’est que son remède, hormis le 12 pack de bières, c’est de faire rire les gens. De se livrer aux regards réprobateurs des passants pour amener un peu de sa douce folie dans nos rues. Pour exister.


La lumière revient dans ses yeux, les pitreries aussi. Après un salut, André nous quitte en augmentant le volume du “The show must go on”de Queen.




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